Fin 2020, Sciensano et la KULeuven interrogeaient les professionnels de soins. Comment résistent-ils à la pression covid ? Ont-ils besoin de soutien pour continuer à soigner la population ? Plus de la moitié des +/- 3.000 répondants se disent fatigués. Nombreux sont ceux dont le corps et le cerveau encaissent, affectés par le stress chronique et/ou aigu. Un sur cinq quitterait bien le métier.
L’enquête, appelée « Power to Care », a été conduite juste après le pic de la 2ème vague auprès de prestataires qui exercent en milieu hospitalier, en MR(S), en première ligne de soins ou encore dans le secteur du bien-être. Sans conteste, elle montre que la pandémie de covid-19 a chez les soignants des répercussions psychiques et physiques non négligeables.
Les chercheurs ont investigué la présence de signes pouvant résulter de l’exposition au stress et à la pression du contexte covid, par comparaison avec une période normale. Ainsi ont-ils par exemple repéré chez 56% des participants un sentiment de fatigue (contre 38% hors crise sanitaire). De même, 51% des répondants se déclarent sous pression (24% d’habitude), 40% manquent de sommeil (25%), 38% sont en état d’hypervigilance (24%), 27% rapportent un sentiment d’anxiété (12%) et 26% présentent des troubles de la concentration (15%).
Les dégâts ne sont pas que psychiques. D’après les constats de Power to Care, le corps trinque lui aussi : les participants rapportent des douleurs musculaires et articulaires (38%, contre 21% en temps normal), des maux de tête (30%, contre 12%) et d’estomac (21%, contre 11%).
La crise laisse également des traces sur le plan professionnel. « En décembre, 22% des participants envisageaient de cesser leur activité (contre 10% d’habitude) », indique Sciensano. Un taux alarmant, possiblement lié à des phénomènes comme le sentiment d’isolement au boulot, vécu par un quart des répondants (contre 13%). La constante réorganisation du travail imposée par la crise alimente aussi ce mal-être.
Sciensano souligne l’importance d’une aide émotionnelle ou psychologique appropriée et accessible. Environ 60% des sondés se sont épanchés sur ce qu’ils vivaient, mais en dehors de leur organisation (conjoint, amis, famille…) ou auprès de collègues directs. Seuls 27% des répondants disent avoir partagé leurs pensées et émotions avec leur supérieur, et à peine 15% ont eu recours à un soutien professionnel.
Source : Sciensano.be